Romina de Novellis

Romina De Novellis

LA BOUM, 2024

Sandrine a eu un cancer féminin moins “médiatisé” que celui du sein, mais pas moins stigmatisant et dangereux. Après la fin du traitement contre son cancer, Sandrine a tout quitté : son travail de directrice de production à France Télévision, son compagnon, son appartement, ses projets. Sandrine s’est arrêtée et toute seule a commencé à faire un long travail sur elle-même. Cela pourrait apparaître la démarche d’une femme chanceuse, privilégiée.

En réalité, Sandrine a choisi de s’alléger : ayant survécu au cancer de l’utérus, il fallait qu’elle survive au quotidien et à la peur de revivre cette expérience. C’est avec ce sentiment de remise en question qu’elle est arrivée dans mon atelier. Sandrine voulait sauter, être légère et se reconnecter à cette petite Sandrine dont elle a plein de souvenirs enfantins.

Cette œuvre est une performance sur le changement de regard que Sandrine a porté sur sa maladie et sur elle-même et que j’invite les spectateurs à regarder en elle-même ainsi.

Sans foyer, sans travail, sans ses souvenirs autour d’elle, durant sept mois de travail ensemble nous avons cherché à reconstruire ce vide qu’elle a fait autour d’elle et en même temps au travail vers l’envol et la légèreté qu’elle souhaite retrouver.

Vous êtes donc invité autant que moi chez Sandrine, un lieu quelconque, envahi par une ambiance de fête. Une fête à personne, une non- pendaison de crémaillère, une circonstance évoquant son besoin de s’envoler mais aussi de se retrouver enfant. Une musique mélancolique, une bossanova chantant l’impossibilité d’oublier une personne et un lieu qui n’ont jamais existés. Pourtant Sandrine existe et vit, ici et maintenant, dans ce temps présent d’un non-lieu symboliquement festif. Elle s’y amuse, elle profite, elle s’affirme dans cet inconnu et cet inconfort.

Je suis donc heureuse de vous souhaiter la bienvenue à cette fête de l’ici et maintenant chez Sandrine.